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EARL BEAUJEAN

14 janvier 2020
Posted by PARENT Theo

L’EARL Beaujean située à St gemmes sur Loire est une exploitation maraichère typique de la région d’Angers. Aujourd’hui la commune située à 1 km d’Angers constitue le plus grand bassin de production de plantes à massif en France.
Mais initialement il s’agissait d’une très grosse aire maraichère. C’est avec le choc pétrolier de 1973, que petit à petit les maraichers produisant des légumes sous serres chauffées se sont reconvertis à l’horticulture ornementale. Alors qu’ils ne pouvaient plus faire face aux coûts de chauffage pour les légumes, le marché des plantes à massif se développait fortement.

La génération en place à cette époque n’a pourtant pas suivi cette voie car l’exploitation n’était pas équipée en serres chauffées, ils ont donc maintenu la production de plein champ. Aujourd’hui, l’exploitation est restée exclusivement maraîchère et très spécialisée. Elle dispose de 80 ha de terres dont 4 ha de serres froides multi chapelles.

Le cheval de bataille des maraîchers est la salade, de plein champ (sous serres froides pour les séries de mars à avril (le restant de l’année, l’est serrés sont emblavées en couvert végétal ou mises en solarisation*). Chaque année, 6 millions de têtes sont produites soit 75 ha en comptant les rotations avec 2-3 cultures de salades sur la même parcelle par an ! dont 90% pour la 4ème gamme.

Trois cultures d’hiver sont également implantées :

  • le poireau représente 650 tonnes soit une vingtaine d’ha.
  • Le cèleri rave qui représente 250 tonnes soit une dizaine d’ha.
  • Quelques 200 000 pièces de choux cabus et de Milan sont produites soit une quinzaine d’ha.

Au niveau commercial l’entreprise est « indépendante ». L’un des associés gère la commercialisation chaque jour auprès des grandes surfaces, des centrales d’achat… mais aussi au MIN d’Angers quoique ce débouché est en perte de vitesse. Les produits sont référencés nationalement en GMS. Les produits sont certifiés Global gap reconnaissant la mise en œuvre de bonnes pratiques culturales.

Dernièrement ils ont quand même adhéré à une coopérative « La rosée des Champs » pour la salade de 4ème gamme. Toutefois la majorité de la production est vendue par leurs soins. Chaque soir et matin l’exploitation livre ses clients.

En 2013, Thibault Chéneau est arrivé en tant que chef de culture puis en 2016, il est devenu associé.

Les besoins en main d’œuvre s’établissent à 20 ETP permanents, complétés par 30 saisonniers sur la période de pointe. Le personnel organisé en équipe est spécialisé à une tâche sur l’exploitation (ex : conditionnement ou récoltes…).

L’exploitation se situe entre la Loire et la Maine, comme l’a dit M. Beaujean les rivières sont des barrières naturelles contre les orages de grêle. Cette situation environnementale est un atout très intéressant pour la culture de salade. Le climat très peu gélif permet la conservation des céleris au champ limitant les frais de frigo, d’ailleurs seule une chambre froide est utilisée pour les produits prêts à partir.

La proximité avec les grandes agglomérations constitue un gros point fort pour l’activité commerciale du fait de la population importante. Toutefois l’urbanisation provoque le morcèlement du parcellaire avec des terres très argileuses à très sableuses. Toutes les terres lourdes sont drainées.

L’exploitation dispose d’un bâtiment de conditionnement équipé d’une chaine de lavage de poireaux et d’une chaine pour le lavage et conditionnement des céleris. Un bâtiment abrite tout le matériel de l’exploitation. L’exploitation est très mécanisée pour un produit de qualité rentable.

La commune dispose d’un réseau commun d’irrigation souterrain sur 50km de canalisations et une bouche sur chaque parcelle prenant sa source dans la Loire. L’eau est facturée aux différentes exploitations.

Pour irriguer ses cultures, l’entreprise travaille avec de la micro-aspersion (sprinkler), les enrouleurs n’étant pas adaptés par manque de pression dans le réseau. Toute la zone maraîchère de Sainte Gemmes bénéficie d’ailleurs de ce réseau d’irrigation installé dans les années 60.

Les exploitants sont en raisonné mais travaillent pour l’avenir : 10 ha sont en conversion bio.

Enfin tous les déchets sont compostés en mélange avec du fumier de cheval sur l’exploitation puis épandus sur les terres.

Les exploitants sont très précis et techniques dans leurs productions et la commercialisation de celles-ci. Un peu à l’étroit sur leurs terres, notamment pour des problèmes de rotation des cultures, ils ont songé à délocaliser mais ils sont très attachés à leur terroir exceptionnel et bien conscient de l’atout inestimable qu’est la proximité d’une grande agglomération. D’ailleurs, pour limiter la pression immobilière, toute la zone a été classée en zone agricole protégée.

Enfin malgré des pratiques culturales très respectueuses de l’environnement (respect cahier des charges Global Gap très strict et garant d’une qualité) et même en bio, les producteurs sont confrontés à l’agribashing comme nous tous. C’est vraiment un aspect sur lequel M. Beaujean a insisté tant cela devient un poids.

Solarisation : technique consistant à saturer le sol en eau puis à le bâcher avec un film transparent. L’eau conduit la chaleur, fait germer les graines d‘adventices qui sont aussitôt « cuites » sous la bâche et détruit les agents pathogènes. Cette technique demande plusieurs semaines et surtout beaucoup d’ensoleillement. Mais si l’été très chaud de 2019 a été particulièrement difficile pour l’irrigation, il aura au moins permis une solarisation efficace !

Théo Parent Et Jean Philippe Pouget

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